NOTAE

[1] ARISTOTELES vocabulum causae ad ordinem logicum quandoque extendit atque etiam praemissas syllogismi causas (aitiai) vocat. Cfr Anal. Poster, l. 1, c. 2, 71 b 9 sq.; c. 13, 78 a 21-b 31; 1. II, c. 2, 90 a 6 sq.; c. 8, 93 a 1-b 20; c. 11, 94 a 20-b 26; c. 16, 98 a 33-b 40; c. 17, 99 a 35-99 b 8. De sophisticis elenchis, c. 5, 167 b 21-168 a 16. Rhetor., 1. II, c. 21, 1394 a 31.

Etiam alii antiqui philosophi, Patres ecclesiae, arabici auctores et Primi scholastici, v. g. Abaelardus, Alanus ab Insulis, Petrus Lombardus aliique causam et rationem insufficienter distinguunt. Cfr supra, p. 5.

S. THOMAS causam et rationem explicite distinguit. Cfr Explanatio in libr. Dionys. de Divinis Nominibus, c. 7, lect. 5.

CARTESIUS vocabulum causam etiam in ordine logico adhibet: "la cause ou la raison" (Réponses aux 2es objections, axiome 1: ed. Ch. ADAM et P. TANNERY, t. 9, Paris, 1904, p. 127). - Etiam SPINOZA eodem modo loquitur: "causa seu ratio" (Ethica, l. I, propos. 11: ed. J. VAN VLOTEN et J. P. N. LAND, ed. alters, Hagae Comitum, 1913, t. I, p. 44). - LEIBNIZ aliquando ita loquitur (ed. COUTURAT, Opuscules et Fragments inédits de Leibniz, Paris, 1903, p. 471); aliquando causam a ratione distinguit: "causa seu realis ratio" (op. cit., p. 533). - Chr. WOLFF causam a ratione explicite distinguit (Philosophia prima sive Ontologia, Francofurti et Lipsiae, 1736, par. 71, p. 50: "Causa et ratio plurimum differunt").

[2] Causa sine addito generalirr extrinsecam causam significat.

[3] De finibus bonorum et malorum, 1. 1, c. 6 (ed. Th. SCHICHE, Lipsiae, 1915,

[4] "Si vero occasio pro causis necessariis spectetur, ea reapse non est nisi certa conditio ut possit certa actio poni, quae non poneretur illa non existente; et qua existente ponitur, dummodo aliae conditiones non desint". N. MONACO, op. cit., p. 294.

[5] "Même le vulgaire constate les tendances de la volonté humaine: on veut que quelque chose soit ou devienne; et l'expérience atteste que ce désir est réalisé dans certains cas par une opération appropriée. Les choses voulues deviennent par une action; c'est celle-ci qui leur donne l'existence. De là à supposer que tout devient par une opération il n'y a qu'un pas: et le sens commun a vite fait de le franchir. L'opération suppose un opérant qui existe. Tout ce qui acquiert l'existence dans l'univers la reçoit par l'opération d'un être antérieur qui s'appelle une "cause". Nous avons ainsi la notion "vulgaire" de la causalité: elle est l'opération par laquelle un être, existant au préalable, en produit un autre, donne l'existence à ce qui n'existait pas auparavant". M. DE MUNNYNCK, O. P., Essai sur le principe de causalité, ap. The New Scholasticism, t. 3, 1929, p. 256.

Etiam infantes causalitatem agnoscunt, atque idea causae progressive apud eos sese evolvit. Cfr J. PIAGET, La causalité physique chez l'enfant, Paris, 1927.

Primitivi, etiamsi imperfecto modo causalitatem applicent (cfr L. LÉVY-BRÜHL, La mentalité primitive, Paris, 1922, pp. 17 sq.), tamen notionem habent causae (cfr T. S. G. MOELIA, Het primitieve denken in de moderne wetenschap, Groningen-Den Haag-Batavia, 1933, pp. 97-116).

[6] "Dès l'abord une illusion étrange du "sens commun" se dissipe devant la simple analyse. On imagine communément que la causalité est un fait d'expérience. Je frotte une allumette sur une surface rugueuse. La température s'élève par le frottement et l'allumette s'enflamme. L'immense majorité des gens croient prendre ici la causalité sur le fait. C'est cependant une erreur. On constate tout simplement la succession temporelle de deux phénomènes: le frottement de l'allumette et sa combustion. Jamais dans aucune circonstance, an n'observe expérimentalement que le frottement "produit" la combustion, lui donne l'existence". M. DE MUNNYNCK, O. P., loc. cit., pp. 256-257. - Cfr GARRIGOU-LAGRANGE, O. P., Dieu, Paris, 1923, pp. 180-181.

[7] "Qu'est-ce qu'une loi? C'est un lien constant entre l'antécédent et le conséquent, entre l'état actuel et son état immédiatement postérieur". H. POINCARÉ, Dernières Pensées, Paris, 1920, p. 7. - Cfr F. RENOIRTE, La théorie physique, in Revue néo-scolastique, 25e ann., 1923, pp. 349-375; La critique einsteinienne des mesures d'espace et de temps, in Rev. néo-scol., 26e ann., 1924, pp. 1-34; La philosophie des sciences selon M. Maritain, in Rev. néo-scol., 35e ann., 1933, pp. 96-106. Ch. DE KONINCK, NatuurWelenschappelijke Methodologie en Wijsbegeerte, in Thomistisch Tijdschrift, t. 4, 1933, pp. 445-457; in Kultuurleven, t. 5, 1934, pp. 51-70, 180-193, 322-341. Cfr etiam J. MARITAIN, Les degrés du savoir, Paris, 1932, pp. 43-134, 265-397.

[8] Cfr L. DE RAEYMAEKER, Introductio generalem ad Philosophiam et ad Thomismum, Lovanii, 1934, pp. 91-94.

[9] La science empirique n'a, "si on la prend au sens strict, aucune qualité pour atteindre immédiatement une sause, quelle qu'elle soit. Essentiellement expérimentale, essentiellement faite pour ne s'occuper que des phénomènes, elle étudie les rapports de concomitance et de succession de ces phénomènes et cherche â déterminer dans la mesure où la perfection de ses méthodes et de ses instruments le permet, les conditions de réalisation de chacun d'eux. Elle peut ainsi rechercher et découvrir les antécédents phénoménaux d'un fait, mais elle n'atteint pas pour autant sa cause proprement dite. La notion de cause est, rigoureusement parlant, une notion métaphysique, que la science comme telle, précisément parce que positive et expérimentale dans sa méthode, ignore totalement. Et lorsqu'il arrive que le savant parle de la cause d'un phénomène, il entend seulement par là, pour autant qu'il ne fait pas de métaphysique, l'antécédent phénoménal constant de ce phénomène". A. VAN HOVE, La doctrine du miracle chez saint Thomas et son accord avec les principes de la recherche scientifique, Wetteren-Bruges-Paris, 1927, pp. 318-319.

[10] "Nous constatons que presque toujours les naturalistes qui sont contraints par leur méthode à s'en tenir à la "causalité empirique" introduisent subrepticement la causalité du sens commun dans leurs conceptions synthétiques. Psychologiquement ils en sont dominés; et comme ils se refusent - c'est d'ailleurs leur droit - à foule analyse métaphysique, leurs convictions personnelles vont généralement au delà du résultat logique de leur méthode". M. DE MUNNYNCK, O. P., art. cit., p. 260.

"Une métaphysique est bien souvent latente à l'intérieur des raisonnements scientifiques". J. DE TONQUÉDEC, S. J., Introduction à l'étude du merveilleux et du miracle, Paris, 1916 p. 156.

"Seule une réflexion parfois fort délicate parvient à faire le départ dans une affirmation prétendument scientifique entre ce qui est proprement scientifique et ce qui est du ressort de la philosophie".

"Remarquons qu'il ne résulte aucunement de là que le savant doive ou puisse être athée, mais uniquement que Dieu n'est pas atteint par la mise en Oeuvre des méthodes scientifiques... Le savant a comme tout homme la possibilité et le devoir de parvenir à la connaissance de la cause première, mais en tant qu'être raisonnable, en tant que métaphysicien, en tant que doué de bon sens et pourvu de cette faculté supérieure que l'on a appelé la faculté de l'être, et non formellement en tant que professionnel de la méthode scientifique. Cette distinction est de la plus haute importance". A. VAN HOVE, op. cit., pp. 220-221, 319-320.

[11] 1a q. 2, art. 3.

[12] Apan to kinoumenon anagke ipó tinos kineistai. ARISTOTELES, Phys., l. VII, c. 1, 241 b 24. Cfr S. THOMAS, In VII Physic., lect. I; 1 C. Gent., c. 13; 1a, q. 2, a. 3.

[13] "Un élément de mouvement qui se suffirait à soi, devrait, tout en étant "puissance" à l'acte qui surgit, en être néanmoins le principe adéquat, c'està-dire être déjà cet "acte" formellement ou éminemment; or, admettre cette hypothèse reviendrait à faire tomber sur le même point, exactement deux affirmations contraires. "Non est possibile ut idem sit simul in actu et in potentia secundum idem".

Si le devenir doit être intelligible, et s'il ne l'est point par soi (puisque considéré isolément, comme se suffisant, il serait intrinsèquement contradictoire), son intelligibilité nécessaire, comme "acte naissant", dépend donc d'une condition extrinsèque à lui: "omne quod movetur ab alio movetur", J, MARÉCHAL, S. J., "Le Problème de Dieu" d'après M. Edouard Le Roy, Extrait de la Nouvelle Revue Théologique, mars-avril 1931, pp. 8 et 9.

Le devenir demande d'abord une raison d'être extrinsèque parce qu'il est union successive du divers (ex.: ce qui est violet devient rouge). Or l'union inconditionnelle du divers est impossible, car des éléments de soi divers, ne peuvent de soi être unis (pr. d'identité)", GARRIGOU-LAGRANGE, op. cit., p, 182,

[14] Ia q. 2, a. 3, 1a via; q. 3, a. 1, c.; In VIII Phys., lect. 10. In IX Metaph., lect. 7 (ed. CATHALA, p. 536, n. 1848); I C. Gent., c. 16; II C. Gent., c. 78.

[15] 1a 2ae, q. 75, a. 1, sed contra.

[16] Secundum S. Thomam, quidam Arabes sic contenderunt nullam creaturam habere aliquam actionem in productione effectuum naturalium; "ignis non calefacit, sed Deus igne... Sed haec positio stulta est cum auferat rebus omnibus naturales operationes". De Verit., q. 5, a. 9, ad 4. Cfr III C. Gent., c. 69; 1a, q. 53, a. 1; Script. in Sent., III, d. 1, q. 1, a. 4. Nonnulli etiam Cartesiani, ut Arnaldus Geulincx et Nicolaus Malebranche, si non omnem activitatem, saltem efficientiam creaturarum negaverunt. Quoad occasionalismum Arabum, cfr G. SCHULEMANN, Das Kausalprinzip in der Phil. des hl. Thomas v. Aq., in Beiträge zur Geschichte der Philosophie des Mittelalters, Bd. 13, Heft 5, Münster i. W., 1915, pp. 99-100. Quoad Cartesianos et etiam Leibniz, cfr infra, t. II, Notae historicae, cap. IX, N. 3, I, B et D.

[17] "Quidquid enim non est de intellectu essentialis quidditatis, hoc est adveniens extra, et faciens compositionem cum essentia". De Ente et Essentia, c. 5 (ed. M.-H. LAURENT p. 141). "Non potest esse, quod ipsum esse sit causatum ab ipsa forma vel quidditate rei...; ergo oportet, quod omnis talis res, cujus esse est aliud a natura sua, quod habeat esse ab alio" (p. 146).

[18] la, q. 2, a. 3, 3a via. - "Communis conceptio ex sententia Philosophorum fuit quod ex nihilo nihil fiat". De Potent., q. 3, a. 1, obj. 1.

"Omne quod gignitur, ex aliqua causa necessario gignitur". ABAELARDUS, Theologia christiana, 1. 1, c. 2; 1. V (P. L. 178, col. 1125 B. 1317 B, 1327 A, B). - "Nulla enim omnino res est, quae seipsam gignit ut sit". S. AUGUSTINUS, De Trinitate, 1. 1, c. 1, n. 1 (P. L. 42, col. 820). - "Sequitur nec posse aliquid a nihilo fieri, nec etiam id quod magis perfectum est, hoc est quod plus realitatis in se continet, ab eo quod minus". R. DESCARTES, Meditationes de prima Philosophia, IIIa, n. 41 (ed. Ch. ADAM et P. TANNERY, t. 7, pp. 40-41).

[19] 1a, q. 3, a. 7. - "Quae secundum se diversa sunt, non conveniunt in aliquod unum, nisi per aliquam causam adunantem ipsa". Ia, q. 3, a. 7. - "Omne quod alicui convenit non secundum quod ipsum est per aliquam causam convenit ei, ... nam quod causam non habet, primum et immediatum est". II C. Gent., c. 15, init. - "Si aliquid invenitur in aliquo per participationem, necesse est quod causetur in ipso ab eo cui essentialiter convenit". 1a, q. 44, a. 1. Cfr ibid. ad 1; 1a, q. 3, a. 7; I C. Gent., c. 18, Amplius; c. 22, Amplius si esse.

[20] Aristoteles, ad creationem non attendens, illam definivit relate ad mutationem: to kinetikon - e arké kinetiké - arké kinéseos metaboles en etero. Metaph., 1. V, c. 2, 1013 a 24 sq.

[21] "Aliquid agere dicitur tripliciter. Uno modo formaliter, eo modo loquendi quo dicitur albedo facere album... Alio modo dicitur aliquid agere effective, sicut pictor dicitur facere album parietem. Tertio modo per modum causae finalis, sicut finis dicitur efficere movendo efficientem". 1a, q. 48, a. 1, ad 4.

[22] Fr. SUAREZ, op. cit., d. 18, s. 10, n. 6.

[23] I C. Gent., c. 73; de Pot., q. 2, a. 1; 1a, q. 115, a. 1; etc. - "Secundum hoc igitur quod aliquid se habet ad bonum, secundum hoc se habet quod sit causa". In I De Div. Nomin., cap. 1, lect. 3.

[24] la q. 89, a. 1. Cfr de Potent. q. 9, a. 1, ad 3.

[25] "Omne agens agit per suam formam". 1a, q. 3, a. 2. "Modus operationis consequitur formam quae est operationis principium". III C. Gent., c. 58. Cfr I C. Gent., c. 43, Amplius, Virtus infinita; II C. Gent., c. 30, Tertio vero; c. 47, Amplius, Principium.

[26] Cfr Th. DE REGNON, S. J., La Métaphysique des causes. Paris, 1906, pp. 152-164.

[27] "Agens, inquantum est agens, non recipit aliquid; sed inquantum agit motum ab alio, sic recipit aliquid a movente". 1a 2ae, q. 51, a. 2, ad 1. Cfr DE REGNON, o. c., pp. 157 sqq.

[28] ARISTOTELES, Phys., 1. III, c. 3, 202 a 13 sqq.

[29] "Idem actus secundum rem, est duorum secundum diversam rationem agentis quidem, secundum quod est ab eo; patientis autem, secundum quod est in ipso". In III Physic., lect. 5. Cfr 1a, q. 28, a. 3, ad 1; q. 45, a. 2, ad 2; 2a 2ae, q. 90, a. 3. Th. DE REGNON, op. cit., pp. 164 sqq.

[30] "L'action, l'efficience, qu'est-elle, en quoi consiste-t-elle?

Est-ce une sorte d'écoulement de la cause dans l'effet? Evidemment non. Lorsque nous voulons nous élever à une conception métaphysique, nous nous raccrochons à une image et nous nous persuadons volontiers, que la netteté de la première répond à la facilité avec laquelle nous nous figurons la seconde. Il faut se défier de cette illusion. Puisque l'action, même corporelle, ne modifie point l'agent, la causalité efficiente ne peut consister dans un influx physique, qui passerait de la cause à l'effet.

Consiste-t-elle dans une sorte de communication par contact? Certes, l'exercice de la causalité efficiente d'un corps sur un autre, demande le contact... Mais le contact n'est pas l'action. Il est la condition sine qua non de l'action, il n'en est pas la raison formelle. Interrogeons le sens intime et la conscience. ... Nous avons conscience que nous agissons. Qu'est-ce cet agir? Un caractère est commun à ces formes diverses d'activité: une chose qui n'était pas, est: par le fait de notre intervention, elle devient. Faire qu'une chose qui n'était pas, soit, devienne, c'est agir...

L'efficience, ainsi comprise, est applicable même à la création, suivant ce mot de saint Thomas: "Remoto motu, actio nihil aliud importat, quam ordinem originis secundum quod a causa aliqua procedit. (1a, q. 41, a. I, ad 2)". Card. MERCIER, op. cit., 41 p., chap. 2, par. 2. n. 231, pp. 468-469.

[31] "... reducens subjectum quod patitur, de potentia in actum". III C. Gent., c. 69, in fine cap. - "Agens agendo aliquid actu facit". De Pot., q. 3, a. 7, obj. 7.

[32] Cfr Th. DE REGNON, o. c., pp. 150 sqq.

[33] Cfr supra, p. 114.

[34] 1a, q. 3, a. 3, obj. 2 et ad 2; q. 4, a. 3; q. 19, a. 2; I C. Gent., c. 49; II C. Gent., c. 45, c. 98, Dicunt ergo.

[35] "Non enim potest esse quod effectus sit potior quam causa". 1a, q. 95, a. 1. "Effectus non potest extendi ultra suam causam". I C. Gent., c. 43, Item, effectus. - Cfr R. MARCHAL, S. J., De l'effet à la cause, in Revue néo-scolastique de Philosophie, 22e ann., 1920, pp. 194-217.

[36] Cfr S. THOMAS, In I Poster. Analyt., lect. 5.

[37] V. REMER, op. cit., pp. 246-247.

[38] Aition legetai... eti os to telos touto d'esti to ou éneka. ARISTOTELES, Metaph., 1. V, c. 2, 1013 a 33; Phys., l. II, c. 3, 194 b 33.

[39] Th. M. ZIGLIARA, O. P., Summa Philosophica, Parisiis, 1893, t. I, Logica et Ontologia, p. 512.

[40] "Finis, etsi sit postremus in executione, tamen est primus in intentione agentis; et hoc modo habet rationem causalitatis". 1a 210, q. 1, a. 1, ad 1.

[41] Quoad sensum vocabuli "intentionis" apud S. Thomam, cfr H.-D. SIMONIN, O. P., La notion d'"intentio" dans l'oeuvre de S. Thomas d'Aquin, in Revue des sciences Philosoph. et théolog., t. 19, 1930, pp. 445-463.

[42] "Le terme d'une intention est une chose à réaliser. Or, d'une part, réaliser quelque chose est le propre de la cause efficiente; l'opération prend fin lorsque l'effet existe; l'effet réalisé est le bout, le terme, la fin de l'opération. D'autre part, l'être réalisé est précisément l'être à réaliser, c'est-à-dire le terme de l'intention. Donc l'intention et l'action se rejoignent dans un même terme. Ainsi la "fin" est le noeud entre l'ordre intentionnel et l'ordre effectif, et par conséquent appartient aux deux ordres. Dans l'ordre effectif, la fin est le bout de l'opération, Finis in re; mais auparavant elle était dans l'ordre intentionnel... le but de l'opération, finis in intentione. Réalisée, cette fin est un "effet" qui reconnaît une cause, car elle est obtenue par l'opération; à réaliser, elle est une "cause", car elle détermine l'opération". Th. DE REGNON, op. cit., pp. 367-368.

[43] Et revera "finis est causa causalitatis efficientis quia facit efficiens esse efficiens; et similiter facit materiam esse materiam et formam esse formam, cum materia non suscipiat formam nisi propter finem, et forma non perficiat materiam nisi per finem. Unde dicitur quod finis est causa causarum, quia est causa causalitatis in omnibus causis". S. THOMAS, De Principiis naturae.

[44] "Sicut influere causae efficientis est agere, ita influere causae finalis est appeti et desiderari". De Verit., q. 22, a. 2.

[45] Non dicitur secundum suum esse "apprehensum", licet bonitas non possit causare nisi sit apprehensa. Ergo "bonitas" est fundamentaliter causalitas finis; "appeti" est formaliter causalitas Finis; apprehensio bonitatis est conditio sine qua non ut Finis "appeti" valeat. Quo sensu haec apprehensio requiratur, mox dicendum est.

[46] Cfr p. 72.

[47] Cfr supra, p. 243.

[48] "Bonum dicitur diffusivum sui eo modo quo finis dicitur movere". Ia, q. 5, a. 4, ad 2.

[49] Cfr J. PÉGHAIRE, C.S.Sp., L'axiome "bonum est diffusivum sui" dans le néo-platonisme et le thomisme, in Revue de l'Université d'Ottawa, II, 1932, Sect. spéc., pp. 5-30.

[50] S. TONGIORGI, S. J., Ontologia, Bruxellis, s. d., n. 299.

[51] Cfr card. MERCIER, op. cit., 4° p., chap. 2, par. 3, n. 242, pp. 492-496; Psychologie, t. 1, Louvain, 1923, pp. 54 sqq. - J. DE COSTER, Le problème de la finalité, Louvain, 1887, pp. 45 sqq. - H. APPELMANS, Cosmologiae elementa, Bruxellis, 1908, pp. 37 sqq. - D. NYS, Cosmologie, Louvain, 1918, t. 2, pp. 444 sqq, - J. LEMAIRE, Cosmologia, Mechliniae, 1918, pp. 86 sqq. J. Th. BEYSENS, Natuurphilosophie of Cosmologie, Amsterdam, 1910, pp. 253 sqq.; etc.

[52] Cfr GARRIGOU-LAGRANGE, Dieu, Paris, 1923, pp. 185 sqq. Le réalisme du principe de finalité (Bibl. française de Philos., 2e série), Paris, 1932, pp. 101-121.

[53] "Agens non movet nisi ex intentione finis; si enim agens non esset determinatum ad aliquem effectum, non magis ageret hoc quam illud. Ad hoc ergo quod determinatum effectum producat, necesse est quod determinetur ad aliquid certum, quod habeat rationem finis". 1a 2ae, q. 1, a. 2. - "Omne agens agit propter finem; alioquin ex actione agentis non magis sequeretur hoc quam illud, nisi in casu". la q. 44, a. 4. - Cfr III C. Gent., c. 2.

[54] "Soit la chlorophylle et sa fonction, la fixation du carbone. La cause est la chlorophylle, l'effet est cette fixation; le rapport est d'efficience, l'ordre est chronologique, irréversible; l'effet ne produira pas la cause: ce n'est pas de l'effet que la cause tire sa réalité. Mais c'est de sa fonction que la chlorophylle tire son intelligibilité. Quand la fonction est éclairée, l'organe est expliqué. Je reconnais alors dans la chlorophylle sa fonction, elle y est inscrite. L'idée de l'effet est donc dans la cause. La cause est la réalisation de l'idée de l'effet, et ce rapport de l'idée de l'effet à sa réalisation, à son inscription dans la cause, définit la finalité". Fr. VIAL, O. P., ap. Revue des sciences philosophiques et théologiques, t. 19, 1930, p. 147.

[55] Cfr GARRIGOU-LAG RANGE, Dieu, pp. 334 sqq.

[56] 1a 2ae, q. 1, a. 2. Cfr III C. Gent., c. 2; IV C. Gent., c. 19; 1a, q. 59, a. 1; 1a, q. 80, a. 1; etc.

[57] "Le problème des causes finales a été énoncé sous cette forme pittoresque: l'oiseau a des ailes et il vole. Vole-t-il parce qu'il a des ailes ? Ou a-t-il des ailes pour voler?

Dans la première alternative, les ailes sont des causes efficientes; le vol est le résultat de leur action. Dans la seconde, les ailes sont un moyen; le vol est un but.

Cette formule du problème n'est pas heureuse: elle fait croire que les causes efficientes et les causes finales s'excluent, qu'il faut opter pour les unes ou pour les autres. Or les partisans des causes finales admettent, comme les mécanicistes, que l'évolution de la nature est l'effet des causes actives; mais ils pensent que pour déterminer celles-ci à produire leur oeuvre, il faut en outre, des causes finales". Card. MERCIER, op. cit., n. 237, p. 481.

[58] "Tout ce qui arrive ne vient pas seulement de quelque part, mais va aussi quelque part.

Nous concevons comme nécessaire que la cause renferme avec la raison du commencement, la raison aussi de la fin où tend la direction". F. RAVAISSON, La Philosophie en France au XIXe siècle, Paris, 1884, par. 36, p. 254.

"La causalité de l'idée ou causalité finale n'est pas adéquatement distincte de la causalité efficiente, elle ne s'exerce pas à part de celle-ci: elle la complète en lui ajoutant une direction". A. VALENSIN, S. J., Atravers la Métaphysique, Paris, 1925, p. 201.

[59] Natura ab Aristotele definitur: Arké tis tou kineistai en o iparkei trótos kat aito. Physic., 1. II, c. 1, 192 b 21-22. - "Natura est principium motus et quietis in eo in quo est". S. THOMAS, Phys., l. I, lect. 1; 1. II, lect. 1; IV Sent., d. 43, q. I, a. 1, sol. 3; IV C. Gent., c. 35; la, q. 29, a. 1, ad 4; q. 115, a. 2; la 2ae, q. 10, a. 1; 38, q. 2, a. 1; etc.

[60] In II Phys., lect. 13-14; de Ente et Essentia, c. 1 (ed. M.-H. LAURENT, p. 29); IV Sent., d. 33, q. I, a. 1; d. 43, q. 1, a. 1, sol. 3; 1a 2ae, q. 109, a. 1; 3a, q. 28, a. 1, ad 4; q. 75, a. 4; etc.

[61] III Sent., d. 22, q. 3, a. 2; IV C. Gent., c. 35, 41; In II Phys., lect. 2; la, q. 29, a. 1, ad 4; 3a, q. 2, a. 1.

[62] Cfr p. 72.

[63] 3a, q. 55, a. 1; q. 77, a. 1, ad 1; de Pot., q. 6, a. 1, obj. 2; etc.

Haec determinatio et ordinatio activitatis, quae est naturalis appetitus ex specifica natura resultans, etiam tamquam quaedam lex naturalis in sensu "regulae et mensurae actuum" a S. Thoma sumitur (III C. Gent., c. 114). Tali sensu dici potest sicut lex moralis, (quae est regula et mensura actuum humanorum), quaedam participatio legis aeternae divinae (1a 2ae, q. 91, a. 2, ad 3).

[64] Cfr p. 228.

[65] Quo sensu rejiciendus est "contingentismus", secundum quem activitas naturalis nullae stabili legi subjici posset quia unaquaeque res singulari activitate spontanea praeditur. Ita jam Em. BOUTROUX, De la contingence des lois de la nature, Paris, 1895, pp. 20-26; ita etiam M. BLONDEL, L'action, Paris, 1893, p. 396, et praesertim Ed. LE ROY Essai sur la notion de miracle, in Annales de Philosophie chrétienne, 4e série, t. 3, déc. 1906, p. 231.

[66] Cum etiam causa prima speciali modo intervenire possit, ex parte naturae nihil miraculi possibilitati opponitur. Cfr A. VAN HOVE, La doctrine du miracle chez saint Thomas et son accord avec les principes de la recherche scientifique, Bruges-Paris, 1927, pp. 67 sqq., 160 sqq.

[67] Aliud est finem extrinsecum in genere admittere, aliud in casu particulari quisnam sit finis indicare, quod saepesaepius fieri nequit.

[68] 1a, q. 44, a. 4.

[69] "Casus accidit in his quae sunt praeter aliquid... Cum aliquid fit extra naturam in operationibus naturae, puta cum nascitur sextus digitus,... dicimus... quod est a casu". In II Physic., lect. 10.

"Ajoutons qu'il y a lieu de distinguer entre le hasard, casus, automaton, et la fortune, tike, bonne ou mauvaise, heureuse ou malheureuse. On attribue au hasard l'événement qui n'est pas compris dans les intentions de la nature, "accidit praeter intentionem naturae", on attribue plus spécialement à une chance heureuse ou malheureuse, eufortunium vel infortunium, l'événement qui est en dehors des prévisions et des intentions d'une cause consciente et volontaire". Card. MERCIER, op. cit., n. 247, p. 512.

[70] "Il (le hasard) est un produit de rencontre de plusieurs causes intentionnelles, soit volontaires, soit naturelles". Card. MERCIER, ibid.

A. COURNOT (1801-1877) hanc causarum "fortuitam coincidentiam" speciatim examinavit; admisit talem coincidentiam etiam in phenomenis determinismo stricte subjectis. Quare, ratione hujus "casus" imprevisibilis, scientiae explicationem universi totalem et adaequatam construere nequeunt. Quoad quaedam Cournot ab Aristotelis dictis non longe abest. (Cfr G. MILHAUD, Etudes sur Cournot, Paris, 1927). Alii tamen in oppositione inter ideas Cournot et Aristotelis insistunt. (Ita G. LECHALAS, Le hasard, ap. Revue néo-scolast., 10e année, 1903, pp. 148-164; F. MENTRÉ, Pour qu'on lise Cournot, Paris, 1927).

Doctrinam Aristotelis breviter et distincte exposuit A. MANSION, La notion de nature dans la Physique aristotélicienne, ap. Annales de l'Institut Supérieur de Philosophie, Louvain, 1912, pp. 551 sqq.

[71] "Lorsqu'il se produit une coïncidence des causes, la résultante (ou plutôt le résultat) qui en est l'effet, n'a pas besoin d'autre explication, si ce n'est que deux séries de phénomènes se sont rencontrées et ont concouru à la produire...

Si par exemple en passant dans une rue, je vois une pierre qui se détache et tombe à côté de moi, je ne m'en étonnerai pas; et le phénomène s'explique suffisamment à nos yeux par la loi de la chute des corps, loi dont l'effet s'est rencontré avec l'effet d'une loi psychologique, qui m'a fait passer par là". P. JANET, Les causes finales, Paris, 1876 (20 édit., 1882), 1. I, c. 1.

[72] "Le hasard n'est donc qu'une absence d'explication; et vouloir l'étendre à tout, dire qu'il a produit fordre, c'est dire qu'il y a des effets sans causes, que le plus sort du moins, l'ordre du désordre, le supérieur de l'inférieur, c'est soutenir que l'accidentel précède l'essentiel, que l'essentiel est un vain mot (négation du principe d'identité) et que par suite le réel n'est pas intelligible". GARRIGOU-LAGRANGE op. cit., p. 324.

[73] "Le modèle extérieur est une cause éloignée qui agit non sur la statue, mais sur le statuaire; son rôle est de préparer l'artiste à se former le type intérieur qui doit être la véritable cause exemplaire de la statue". Th. DE REGNON, La Métaphysique des causes, Paris 1906, p. 304.

[74] "Sicut dicit Augustinus in Lib. LXXXIII Quaest. (qu. 46), ideas latine possumus dicere species, vel formas, ut verbum ex verbo transferre videamur.

Forma autem alicujus rei potest dici tripliciter.

Uno modo a qua formstur res, sicut a forma agentis procedit effectus formatio. Sed quia non est de necessitate actionis ut effectus pertingant ad completam rationem formae agentis, cum frequenter deficiant, maxime in causis aequivocis, ideo forma a qua formatur aliquid, non dicitur idea vel forma.

Alio modo dicitur forma alicujus secundum quam aliquid formatur; sicut anima est forma hominis, et figura statuae est forma cupri; et quamvis forma, quae est pars compositi, vere dicatur esse illius forma, non tarnen consuevit dici ejus idea; quia videtur hoc nomen "idea" significare formam separatam ab eo cujus est forma.

Tertio modo dicitur forma alicujus illud ad quod aliquid formatur; et haec est "forma exemplaris", ad cujus similitudinem aliquid constituitur; et in hac significatione consuetum est nomen "ideae" accipi, ut idem sit idea quod forma quam aliquid imitatur". De Verit., q. 3, a. 1. Cfr 18, q. 15, a. 1.

[75] Quo sensu Aristoteles (Metaph., 1. V, c. 2, 1013 a 27 sqq.) exemplar ad causam formalem (distinguendo alteram intrinsecam, alteram extrinsecam) reduxerit, faciliter intelligitur. Cfr S. THOM., comm. in h. loc., lect. 2 (ed. CATHALA, pp. 254-255, n. 764).

[76] De Verit., q. 3, a. 1.

[77] De Verit., q. 3, a. 1.

[78] Cum tamen exemplar qua tale ad exemplatum perfecte producendum ordinatur, aliquam rationem causae finalis de se includit. Ita intelligitur III C. Gent., c. 19: "Perfectio imaginis (i. e. reproductionis seu exemplati) est ut repraesentet suum exemplar per similitudinem ad ipsum; ad hoc enim imago instituitur. Sunt igitur res omnes propter divinam similitudinem consequendam, sicut propter ultimum finem".

[79] "Ad productionem alicujus rei ideo necessarium est exemplar, ut effectus determinatam formam consequatur. Artifex enim producit determinatam formam in materia propter exemplar ad quod inspicit; sive illud sit exemplar ad quod extra intuetur, sive sit exemplar interius mente conceptum". 1a. q. 44, a. 3. Cfr II, q. 15, a. 1; q. 45, a. 6; 3; 3a, q. 78, a. 2; de Verit., q. 3, a. 2.

[80] "Cum enim res naturaliter intendant similitudinem in res generatas inducere, oportet quod ista intentio ad aliquod principium dirigens reducatur, quod est in finem ordinans unumquodque. Et hoc non potest esse nisi intellectus, cujus sit cognoscere finem et proportionem rerum in finem. Et sic ista similitudo effectuum ad causas naturales reducitur, sicut in primum principium, in intellectum aliquem". In 1 Metaph., lect. 15 (ed. CATHALA, p. 81, n. 233). Cfr 1a, q. 44, a. 3.

"Toute cause efficiente, complètement cause d'un effet, est nécessairement une nature intelligente qui contient en elle-même son effet à l'état d'idée, avant de la produire hors delle-même à létat concret et matériel". Th. DE REGNON, op. cit., p. 298.

[81] Aliis verbis, quaeque cooperans causa, est causa totalis cujusdam partis effectus. Quae mera coordinatio omnino distinguenda est a coordinatione cum essentiali subordinatione conjuncta, in qua (ut infra patebit) quaeque causa est partialis causa totius effectus.

[82] I Sentent., d. 37, q. 3, a. 3. - "Impossibile est quod duae causae completae sint immediatae unius et ejusdem rei. Quod patet in omni genere causarum: quia una est forma proxima unius rei, et unum est proximum movens, licet possint esse plures motores remoti. Nec habet instantiam de pluribus trahentibus navim; quia nullus eorum est perfectus motor, quum virtus uniuscujusque ait insufficiens ad movendum; sed omnes simul sunt loco unius motoris, inquantum omnes virtutes aggregantur ad unum motum faciendum". 1a, q. 52, a. 3.

[83] "Quidquid est causa causae, oportet esse causam effectus". De Verit., q. 6, a. 2; 1 a 2ae, q. 79, a. 1, obj. 3.

[84] L. BILLOT, De Ecclesiae sacramentis, t. I, Romae, 1915, pp. 57-58.

[85] De Verit., q. 27, a. 4; In IV Sent., d. 1, q. I, a. 4, ad quaest. 2; II C. Gent., c. 21; la, q. 45, a. 5; 3a, q. 62, a. 1, ad 2; q. 62, a. 4.

[86] De Verit., loc. cit. - Cfr Th. DE REGNON, op. cit., pp. 468-504.

[87] De Verit., loc. cit.

[88] 1a, q. 45, a. 5.

[89] Nam omne instrumentum "non perficit instrumentalem actionem nisi exercendo actionem propriam; scindendo enim facit lectum". 3a, q. 62, a. 1, ad 2.

[90] De Pot., q. 3, a. 7, ad 7; 3a, q. 62, a. 4. - S. Thomas virtutem instrumentalem aliquando vocavit intentionem, intentionem fluentem, quia haec virtus "non habet esse completum in natura, sed est quid incompletum in genere entis; quod patet ex hoc quod instrumentum movet in quantum movetur. Motus autem est actus imperfectus...". (De Veritate, q. 27, a. 4, ad 4). Ita in IV Sent., d. I, q. 1, a. 4, ad quaest. 2, c. et ad quaest. 4, c.; De Pot., q. 5, a. 1, ad 6. In sequentibus operibus vocem "intentionem" in tali sensu non amplius adhibuit. Ita De Malo, q. 4, a. 1, ad 15 et 16; a. 3, c.; S. Theol., Ia, q. 43, a. 6, ad 4 (causalitas sacramentorum); q. 67, a. 3, c. (praesentia luminis in aere); q. 105, a. 5 c. (concursus divinus); 2a' 2ae, q. 171, a. 2, c. (lumen); 3a, q. 62, a. 3 et 4; q. 63, a. 2 (sacramenta); Compendium theolog., c. 130 (lumen); In Rom., c. 5, lect. 3 (semen). Cfr H. D. SIMONIN, O. P., La notion d' "intentio" dans l'oeuvre de saint Thomas d'Aquin, in Revue des sciences philos. et théolog., t. 19, 1930, pp. 448-451.

[91] Cfr L. BILLOT, o. c., pp. 62-63.

[92] Cfr A. DE CONINCK, Creari et moveri convertuntur, ap. Collectanea Mechliniensia, t. 17 (novae seriei t. 2), 1928, pp. 654-655: "De hoofdoorzaak dan geeft door haar eigen werking aan de hulpoorzaak de aanvulling, de stuwing die deze noodig heeft; daardoor bepaalt en beperkt ze de activiteit van 't werktuig, en richt deze, desnoods in verband met de werking van andere werktuigen, op een doel dat haar, hoofdoorzaak, eigen is...

Anderzijds... hangt deze (de hoofdoorzaak), in haar werking, van haar werk tuig af. Dit laatste heeft, onafhankelijk van de hoofdoorzaak, in zijn substantieele en bijkomstige volmaaktheid, iets eigens, dat de hoofdoorzaak niet heeft en waar van deze zich bedient om in haar eigen ontoereikendheid te voorzien".

Notio causae principalis in ordine supernatucali etiam Deo applicatur, analogice tamen. Nullam enim insufficientiam qua imperfectionem in Deo indicat. Attamen, qua causa principalis, tunc Deus libere instrumento utitur (v. gr. in sacramentis, in miraculis quae sancti perficiunt). Et ideo sedulo distinguantur in Deo causalitas prima creatrix et, in ordine supernaturali, causalitas principalis.

[93] 3a, q. 62, a. 1.

[94] 3a, q. 62, a. 4, ad 1.

[95] 3a, q. 62, a. 5.

[96] L. BILLOT, o. c., p. 58.

[97] IV Sentent., d. 1, q. 1, a. 4, ad quaest. 1.

[98] O. c., pp. 116 sqq.

[99] Causalitas moralis, quae efficiens est (est id a quo est motus, ut a precante, suadente, benemerito), a finali causa distinguatur. Haec movet tamquam id cujus gratia seu propter quid est motus.

Sed notetur qua ratione causa moralis sit efficiens: "Quia qui jubet, vere efficit in eo cui jubet; obligationem ex qua sequitur agendi necessitas; quia qui suadet auf consilium dat, vere efficit in eo quem suadet, notitiam vel considerationem rationum ex quibus postea ille ad agendum se determinat. Quare, causa efficiens ibi non sunt rationes objectivae quarum intuitu ponitur actus, sed est ipse persuasor qui id agit ut tales rationes in considerationem veniant n. (L. BILLOT, o. c., p. 60). Istae vero rationes objectivae per modum causae a finalis s agunt, scil. bonitate vel dignitate vel qualitate inspectis.

Errant ergo qui, ut J.-B. FRANZELIN, S. J. (De Sacramentis in genere, thes. 6, n. II, Romae, 1888, p. 59) post J. LUGONEM, S. J. (De Sacram. in genere, disp. 4, sect. 4, n. 33, Parisiis, Vivès, 1869, Disputationes scholasticae et morales, t. 3. p. 288), hoc ultimo modo moralem causam intelligentes, illam tamen efficientem vocant.

[100] 1a, q. 22, a. 2, ad 1 et ad 2; la, q. 45, a. 5.

[101] 1a, q. 13, a. 5, ad 1.

[102] "Aliquid potest dici causa per accidens alterius dupliciter. Uno modo ex parte causae; quia scilicet illud quod accidit causae, dicitur causa per accidens, sicut si album dicatur causa domus. Alio modo ex parte efectus, ut scilicet aliquid dicatur causa per accidens alicuius, quod accidit ei quod est effectus per se.

Quod quidem potest esse tripliciter. Uno modo quia habet ordinem necessarium ad effectum; sicut remotio impedimenti habet ordinem necessarium ad effectum... Alio modo, quando accidens habet ordinem ad effectum, non tamen necessarium, nec ut in pluribus, sed ut paucioribus, sicut inventio thesauri ad fossionem in terra. Et hoc modo fortuna vel casus dicuntur causae per accidens. Tertio, quando nullum ordinem habent, nisi forte secundum aestimationem; sicut si quis dicat se esse causam terraemotus, quia, eo intrante domum, accidit terraemotus". In V Metaphys., lect. 3 (ed. CATHALA, pp. 260-261, n. 789).

[103] Cfr supra, p. 246.

[104] In ordine finalitatis ergo finis ultimus est ad fines intermedios sicut, in ordine efficientiae, causa prima ad causas secundas. Sicut causa secunda est vere causa efficiens, ita finis intermedius vere finis est a propter se appetibilis u, sed dependenter a fine ultimo. Quae omnia infra evolventur.

[105] Cfr supra, pp. 54-55.

[106] "Multipliez les causes intermédiaires jusqu'à l'infini: vous compliquez l'instrument; mais vous ne fabriquez pas une cause; vous allongez le canal: vous ne faites pas une source... prétendre, au contraire, que le nombre infini des intermédiaires peut nous dispenser de trouver une première cause, c'est dire qu'un pinceau peut peindre tout seul, pourvu qu'il ait un très long manche. La longueur du manche n'y fait rien, ce qui importe, c'est la main". A.-D. SERTILLANGES, Les Sources de la croyance en Dieu, Paris, 1913, p. 65.

[107] "Geen eindige of oneindige reeks van zgn. instrumentale oorzaken die niet vanzelf zijn, vermag door haar aaneengeschakelde essentieele bestaansarmoede rekenschap te geven van het werkelijk zijn der dingen". WELSCHEN, O. P., Rede ter aanvaarding van het bijzonder hoogleeraarsambt in de Rijksuniversiteit te Leiden, den 4 November 1925.

[108] S. Thomas tamen saepe creaturam (qua causam secundam) vocat "instrumentum" causae primae. Tunc autem vocem "instrumenti" in sensu latiore sumit. "Omnia moventia, quae sunt in mundo, comparantur ad primum movens, quod est Deus, sicut instrumenta ad agens principale". I C. Gent., c. 44. Cfr de Pot., q. 3, a. 7, ad 7; 1a 2ae, q. 1, a. 2.

[109] "La cause première n'est pas dans la série à expliquer, y jouissant d'une priorité temporelle ou d'une antériorité numérique quelconque. Que les séries empiriques soient finies ou infinies, peu importe à la preuve de Dieu. Il ne s'agit nullement de compter, de supputer les causes, en vue d'arriver à un numéro un, expliquant les suivants parce que Premier dans le même ordre univoque. Transcendante dans l'être transcendantal, la cause première est première parce qu'elle est, sans restriction; elle est absolument, elle est l'être absolu, indépendant de tout, en tout, pour tout". N. BALTHASAR, Le problème de Dieu d'après M. Le Roy, in Revue néo-scolastique de Philos., 33" année, 1931, p. 343.

[110] "Wanneer een geschapen oorzaak iets voortgebracht heeft, breken alle werkelijke banden af die het gewrocht met zijn oorzaak verbonden; de rijpe vrucht zal het geslacht der planten voortzetten, al is de moederplant verdroogd... Zoo gaat het niet met de werken van Gods liefde en almacht. Deze kunnen van hun oorzaak niet afgescheiden worden". Maurits DE BASTS, 't Lied des Levens, Gent, 1920, p. 89.

[111] "Je sais que Dieu m'a créé, et je crois avoir aperçu le Fond de cette vérité banale. Son évidence m'est devenue tellement familière qu'à la méditer, plus un frisson ne s'éveille en moi. Je sais que je suis créé comme je sais de quel nom an m'appelle et je passe aussitôt à des réflexions plus inédites, à des conclusions plus actuelles. Dieu m'a créé, c'est là une histoire déjà ancienne, un événement classé, daté, et dont chaque jour qui passe m'éloigne davantage. Jadis j'ai passé du néant à l'être, et je suis; voilà tout. Que peut-on tirer d'émouvant de-cette philosophie rudimentaire!

Trop rudimentaire vraiment! Ma création n'est pas un incident qui jadis a eu lieu, c'est une réalité permanente. Je suis créé, au sens actuel du mot, c'està-dire que mon être, comme tel, a Dieu pour cause. L'être ne se donne pas à un sujet, qui le conserverait, comme une aumône; car le sujet n'est pas sans l'être; et la création est la loi perpétuelle de mon existence, non seulement l'ébranlement initial de ma vie. Ce n'est pas pour commencer d'être que j'ai besoin des mains créatrices; c'est pour être, tout simplement, et le temps n'y fait rien. L'habitude d'être ne peut jamais devenir solide en moi. Après des siècles mon essence demeure aussi incapable d'exister par elle-même qu'à la veille du jour où j'ai commencé, par Dieu, de ne plus être rien.

On s'imagine parfois que l'existence nous a été donnée comme un cadeau, fait une fois pour toutes, et qui n'appellerait en nous que de la reconnaissance à l'égard d'un bienfaiteur. Un jour, pense-t-on, Dieu nous a fait présent de l'existence, et, comme le mendiant comblé et devenu riche, nous sommes propriétaires des dons d'autrui. Mais la création est en réalité une éternelle dépendance, toujours actuelle. Mon être dépend de Dieu comme l'écho dépend de la voix et comme le reflet dépend de la lumière. Et la loi suprême de ma nature c'est donc l'obéissance souple et totale à l'égard de mon principe. Opus manuum tuarum: je suis toujours entre ses doigts.

Comme entre les mains du potier, qui pétrit l'argile à sa guise. et comme entre les doigts du tisserand, qui conduit le fil suivant ses vues, et comme entre les mains du jardinier, qui taille et coupe les rameaux immobiles et met son esprit et son idée dans les arbres qui sont à lui.

Il y a tout au fond de mon âme un point singulier, que je puis toujours atteindre et qui est en acquiescement à toute l'oeuvre divine. Mon être est un être reçu, et il le sait, puisqu'il est conscient, capable de se connaître. Aussi la docilité est la trame même de toutes les vertus; elle est la respiration de ma vie surnaturelle, et il n'y a pas d'autre mal que de refuser de dépendre. Refuser de dépendre c'est pour la créature, dans la mesure de ses moyens, se jeter dans la mort, comme l'écho qui s'anéantirait à l'heure précise où refusant de répéter ce que l'on crie, il renoncerait à être un écho et cesserait d'être lui-même". Pierre CHARLES, S. J., La prière de toutes les heures (Museum Lessianum, sect. ascétique et mystique, nº 1), première série de trente-trois méditations, Bruges, 1922, pp. 97-99.

[112] "La destruction ininterrompue de la matière par sa transformation en éléments plus simples et en énergie radiante, doit avoir eu un commencement qui ne peut être que la création directe; sinon sa formation a dû être précédée d'une création d'énergie radiante d'une longueur d'onde inférieure à 1,3x 10e(-15), laquelle peut se concentrer en protons, en électrons et grouper ceux-ci en atomes". J. VAN MOLLÉ, Les théories physiques, Malines, 1930, p. 387.

[113] Initium autem talis individui humani omnibus perspicuum est; atque, probata animae spiritualitate, animam "creari" haud aegre quis admittet. Ita etiam Deum esse probatur.

[114] "Que l'univers physique soit fini, nous le croyons avec saint Thomas en ses dernières années et avec beaucoup d'autres; mais la thèse n'est pas sans contradiction et sans objection possible. Et enfin le système universel supposé clos et fini est-il régi universellement et uniquement par la loi de la dégradation de l'énergie? Rien n'est moins sûr. Quand le balancier descend, sa loi de chute se calcule, et en portant à l'absolu les effets de cette loi, an pourrait dire: il sera dans tant de jours au centre de la terre. On aurait oublié que la bille ou la lentille est reliée à un fil, et qu'après la loi de chute, une autre loi, une loi d'ascension va la ressaisir. Qui sait s'il n'y a pas ainsi une descente et une remontée, une systole et une diastole du monde, en dépendance d'une loi supérieure que nous ne connaissons pas? Ces retours cycliques à l'image des saisons hanteront toujours la pensée des hommes; contre eux, à ce niveau de généralité, la science ne peut rien, et puisque la métaphysique les permet, la question demeure". A.-D. SERTILLANGES, Somme Théolog., édit. de la Revue des Jeunes, 1a, qq. 44-49, La création, appendice II, p. 263. (Paris, 1927).

[115] Cfr 1a, q. 3-26.

[116] Cfr supra, pp. 128-129.

[117] "Et certe id, quo majus cogitari nequit, non potest esse in solo intellectu. Si enim vel in solo intellectu est, potest cogitari esse et in re; quod majus est. Si ergo id, quo majus cogitari non potest, est in solo intellectu: id ipsum, quo majus cogitari non potest, est, quo majus cogitari potest. Sed certe hoc esse non potest. Existit ergo procul dubio aliquid, quo majus cogitari non valet, et in intellectu et in re". S. ANSELMUS CANTUARIENSIS, Proslogion, c. 2 (ed. Franc. Sal. SCHMITT, O. S. B., in Florilegium Patristicum, Bonnae, 1931, p. 11). Cfr ibid., c. 3 (p. 12).

Idem "argumentum ontologicum" a Cartesio propositum huc redit: quod clare et distincte intelligimus pertinere ad alicujus rei claram et immutabilem naturam, sive essentiam, sive formam, id potest de illa re cum veritate affirmari; sed postquam satis accurate investigavimus quid ait Deus, clare et distincte intelligimus, ad ejus veram et immutabilem naturam pertinere ut existat". R. CARTESIUS, Méditation cinquième (éd. Ch. ADAM et P. TANNERY, t. 9, Méditations et Principes, Paris, 1904, pp. 52-55).

[118] Cfr supra, pp. 41-42.

[119] "Invenimus enim in rebus quaedam quae sunt possibilia esse et non esse; cum quaedam inveniantur generari et corrumpi, et per consequens possibilia esse et non esse. Impossibile est omnia quae sunt talia, semper esse; quia quod possibile est non esse, quandoque non est. Si igitur omnia sunt possibilia non esse, aliquando nihil fuit in rebus. Sed si hoc est verum, etiam nunc nihil esset; quia quod non est, non incipit esse nisi per aliquid quod est". 1a. q. 2, a. 3, tertia via.

[120] Cfr Quaest. Quodl. VIII, a. 1.

[121] BOETHlUS, De consolatione Philosophiae, V, prosa 6 (P.L. 63, col. 858 A).

[122] Tempus enim est numerus seu mensura motus secundum prius ac posterius.

[123] ARISTOTELES, Metaph., l. 12, c. 9, 1074 b 34.

[124] "Sicut enim pars connumerata non est aliquid majus quam totum quia ipsa pars in toto includitur, ita etiam quodcumque bonum connumeratum Deo non facit aliquid augmentum bonitatis, quia non est bonum nisi per hoc quod participat bonitatem divinam". In I Ethic., lect. 9. - "In particularibus bonis duo sunt meliora quam unum; sed ei quod est essentialiter bonum, non potest fieri aliqua additio bonitatis". 1a, q. 103, a. 3, ad 3. - "Ratio illa procedit de optimo simpliciter, per cujus participationem omnia sunt bona, unde ex nullius additione fit melius; sed in aliis bonis universaliter verum est quod quodlibet bonum ex additione alterius fit melius". 1a 2ae, q. 34, a. 3, ad 2.

[125] "Deus non solum dat formas rebus, sed etiam conservat eas in esse, et applicat eas ad agendum et est finis omnium actionum". 1a, q. 105, a. 5, ad 3. Cfr III C. Gent., c. 67; de Pot., q. 3, a. 7.

[126] "Sic igitur intelligendum est Deum operari in rebus, quod tamen ipsae res propriam habeant operationem". 1a, q. 105, a. 5. - "Una actio non procedit a duobus agentibus unius ordinis, sed nihil prohibet quin una et eadem actio procedat a primo et secundo agente". Ibid., ad 2.

[127] "Cum ipse actus liberi arbitrii reducitur in Deum sicut in causam, necesse est ut ea quae ex libero arbitrio fiunt, divinae providentiae subdantur". 1a, q. 22, a. 2, ad 4.

"Deus movendo causas voluntarias, non aufert quin actiones earum sint voluntariae, sed potius hoc in eis facit". 1a, q. 103, a. 5. Cfr De Malo, q. 3, a. 2, ad 4; q. 6, a. 1, ad 3; q. 16, a. 8; de Verit., q. 22, a. 8; a. 9; q. 24, a. 14; I C. Gent., c. 68; III C. Gent., c. 70, 89, 90, 91, 94, 148; 1a, q. 19, a. 8; q. 83, a. 1, ad 3; q. 103, a. 5-8; q. 105, a. 4; q. 106, a. 2; 1a 2ae, q. 10, a. 4, ad 1 et 3; q. 109, a. 1.

[128] Ergo patet quomodo quaestio de malo morali, relate ad Deum, solvi debet. Actio libera hominis, sicut omnia quae creantur, modo infinite perfecto in Deo existit. Malum autem, cum sit carentia boni et privatio perfectionis, semper prae se fert causam materialem, scil. subjectum in quo est, cui inhaeret, quod in se bonum est sed malum fit in quantum a bono privatur. Malum qua tale in Deo reperiri nequit, quia est privatio, dum Deus positive est esse; neque ens posset esse pure et totaliter malum, malum substantiale, quia privatio omnis perfectionis omnem realitatem et cuncta entia excludit. Actio mala, in quantum actio, est realiter bona; qua privatio perfectionis debitae, est mala; perfectio quae ei modo finito competit (realitas, esse, bonum), et Deo creatori inest, sed modo infinito; Deus autem, cum perfectione sit infinitus, omnem perfectionis carentiam expellit (carentiam realitatis, entis, boni) et esse nequit ratio (efficiens, finalis, exemplaris) privationis, quae actionem moralfiter malam afficit.

[129] "On mesure la portée d'une doctrine philosophique à la variété des idées où elle s'épanouit et à la simplicité du principe où elle se ramasse". H. BERGSON, Préface écrite pour les pages choisies de G. TARDE, publiées dans la collection "Les grands philosophes", Paris, Michaud, 1909; cit. in J. CHEVALIER, Bergson, (coll. "Les Mahres de la Pensée française"), Paris, 1928, p. 68.